Julie est en colocation intergénérationnelle avec Véronique, une personne aveugle de plus de 50 ans.

En octobre 2012 quand j'ai rencontré Véronique pour la première fois je me suis dit que ça n'allait pas être facile, mais j'avais envie d'essayer car elle avait besoin de la présence de quelqu'un et de mon côté j'avais du temps à donner. Aujourd'hui il n'y a toujours pas les liens que j'espérais. C'est très différent de ce que je pensais. Alors j'ai souvent envie d'arrêter. Mais j’essaie d'y voir les côtés positifs, ça me force à aller rencontrer l’autre.

Véronique est dépressive. Une auxiliaire de vie et une assistante sociale s'occupent d'elle. J'ai souvent l'impression qu'elle attend plus de présence que je ne peux en donner. Et puis elle ne me donne pas suffisamment envie de rester longtemps avec elle. Nos conversations sont vite limitées car ses réponses sont très courtes et incitent peu au dialogue.

C'est moi qui cuisine, je fais deux plats différents car on ne mange pas la même chose. Aux repas je ne sais pas si elle écoute la télé ou si elle m'écoute. On ne sort pas ensemble parce qu'elle a des difficultés à se déplacer. Les amis que j'ai invités chez nous étaient gênés car ils ne savaient pas quels gestes faire vis-à-vis de Véronique.

Je vis ce partage comme un combat. Ma famille m'écoute beaucoup, elle sait que c'est difficile pour moi. Malgré tout je crois que ce projet de logement intergénérationnel est une bonne idée. Ça permet de concilier des besoins très différents. J'espère que plus tard je pourrai prendre du recul et voir des bons côtés. J'ai l'espoir que ça apporte quelque chose à Véronique.

Ce témoignage fait partie du :
Livre Blanc des Fragilités ~ Coffret des Fragilités et des Merveilles