Quand Jacques me parle, ce n’est jamais sans humour. Et sur son visage se dessine toujours ce même sourire attachant, qui a traversé les années sans se déformer. Pourtant, derrière ce visage se cache un homme blessé.
Jacques, c’est un retraité de 74 ans qui a travaillé pendant plus de quarante ans comme chauffeur routier avant d’être moniteur d’auto-école. Aujourd’hui, ne recevant aucune aide sociale parce qu’il perçoit quelques euros de plus que le seuil maximal, il doit faire un choix entre manger ou se soigner, sachant très bien qu’il ne pourra pas payer le loyer de son appartement à la fin du mois. Il y a deux ans, les médecins lui ont diagnostiqué un problème cardiaque qui a nécessité une opération à quatre reprises. L’année dernière, suite à plusieurs malaises, il a dû rester à l’hôpital puis dans un établissement spécialisé pendant six mois. Les factures s’accumulent sur sa table de chevet, tout comme les lettres de refus des aides sociales qu’il demande. Mais depuis quelques temps, il reçoit aussi des lettres judiciaires, car pendant son séjour à l’hôpital, le propriétaire de son appartement a lancé une procédure d’exclusion pour loyers impayés.
« Ne cesse jamais de bien travailler à l’Université et trouve un métier avec lequel tu dépendras de personne, m’annonce-t-il souvent, car moi, j’ai toujours travaillé mais l’État m’a abandonné ».